Etre Zen, c'est faire abstraction de l'intellect et du matériel.

Le Zen est un contact direct avec la vie, le point de rencontre du soi et de la vie, en une unité et un rythme si parfait que toute distinction entre les deux notions s'évanouit :

 

le désir de possession disparaît du fait de l'absence de tout sujet voulant posséder et de tout objet susceptible d'être possédé.

 

Le soi individuel n'éprouve plus le désir de se saisir des choses emportées par le torrent des événements : il se meut avec lui et s'unit à lui, comprenant que toutes les formes distinctes en sont les vagues dont la réalité s'évanouit à la moindre tentative de vouloir-saisir.

Aussi pourrait-on définir le Zen comme une fusion de l'homme avec l'univers, un rythme de l'esprit pouvant s'adapter au changement, un état d'Unicité où toutes les distinctions entre l'ego et le non-ego, le connaissant et le connu, le reconnaissant et le reconnu, le spectateur et l'acteur...

Voici un exemple illustrant la pensée Zen :

« Il y a très longtemps, un homme enferma une oie dans une bouteille.
L'oie grandit sans cesse, de sorte qu'un jour il lui fut impossible de sortir de la bouteille.
L'homme ne voulait ni briser la bouteille, ni faire de mal à l'animal ».

De quelle manière procéderiez-vous si vous deviez sortir l'oie de la bouteille ?

« Pour l'esprit occidental, cette énigme peut sembler n'être que pure sottise, nous avons le choix entre deux solutions revêtant le même caractère d'impossibilité. L'adepte s'exerce tout d'abord à l'aborder avec son intellect et découvre qu'il contient des symboles et des analogies. Ainsi, dans l'histoire de l'oie, il verra que l'oie symbolise l'homme, et la bouteille les circonstances de la vie. Il lui faut soit abandonner le monde, afin d'en être libre, soit se laisser anéantir par lui. Or, l'une et l'autre de ces possibilités aboutissent à une sorte de suicide. C'est là le dilemme fondamental que le disciple Zen doit affronter et résoudre ».

Au moment où il perçoit la solution, apparaît l'éclair du Satori : l'oie se trouve en dehors de la bouteille et celle-ci est intacte car soudain le disciple se sera évadé des murs de sa prison imaginaire, c'est-à-dire de sa conception rigide de la vie, créée à partir de son désir de possession.

Ainsi, à la question :

« Comment puis-je m'évade de la Roue de la Naissance-et-de-la-Mort ? »
le maître répond : «Qui donc vous y enchaîne ? ».

« A mesure que l'investigation se poursuivra, de façon soutenue et ininterrompue, vous serez amené à voir qu'il n'y a pas de clef intellectuelle au Koan (problème), qu'il est entièrement dénué de signification, au sens où vous entendez habituellement ce terme ; qu'il est tout à fait plat, insipide, et que vous commencez à ressentir un certain sentiment de malaise et d'impatience ».
Ce sentiment ira s'intensifiant jusqu'au moment où le Koan semblera si écrasant et si impénétrable, que l'adepte pourra se comparer à un moustique s'efforçant de piquer une barre de fer, « à l'instant même où le fer repousse votre fragile suçoir, vous perdez la notion du soi, vous pénétrez et le problème sera résolu ».

On ne peut expliquer ce phénomène d'aucune façon, si ce n'est en disant qu'il surgit au moment précis où les chaînes de l'illusion se brisent sous l'intensité volontaire du disciple.
L'exercice du Koan est conçu de manière à provoquer un haut degré à la fois de concentration de l'esprit et de stimulation de la volonté, la solution naîtra d'elle-même, avec la difficulté grandissante de la tâche.
Ainsi, lorsque le disciple affrontera le dilemme final, il déploiera toute son énergie et, quand la force colossale de la détermination rencontrera la résistance obstinée du Koan, au moment précis du « choc », c'est-à-dire celui où le moustique délibérément pique la barre de fer, surgit l'éclair du Satori et, le disciple découvre que, somme toute, le Koan n'avait aucune substance.

« A ce moment-là, il ne vous reste rien d'autre à faire qu'à éclater de rire ».

 
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